Commission Carrière
LE
DEVENIR DES RETRAITES
Le débat sur le
devenir des retraites est largement engagé dans le pays et fait l’objet de
nombreux articles dans la presse. Un dossier publié
dans « Marianne » (N° du 3 au 9 Septembre 2001)
intitulé « La vérité sur les retraites »
donne un éclairage intéressant sur cette question d’actualité.
Le MEDEF,
les Hauts Fonctionnaires, les Gestionnaires des Caisses laissent entendre qu’il
va falloir cotiser plus longtemps
(45 ans à l’ horizon 2023) ,
d’ici 20 ans il faudrait travailler jusqu’à 70 ans , soit 10 ans de plus
qu’aujourd’hui, cette nécessité étant justifiée par une espérance de
vie plus longue et par le fait que tous les pays d’Europe ont déjà reculé
l’âge de la retraire. Ces mesures devraient être prises d’urgence.
Or rien ne
presse :
-
le chômage de masse responsable de la crise des régimes
sociaux est contenu, les comptes des régimes sont au vert ;
-
jusqu’en 2010 l’horizon semble dégagé
Après
2010 :
la France qui compte aujourd’hui 0,52 retraité pour 1
actif verra ce rapport passer à 0,64 entre 2010 et
2020, puis à 0,84 à l’horizon 2040. Elle devra encaisser un véritable
choc démographique, mais celui-ci était prévisible, mesurable et sa durée
sera limitée (environ 30 ans).
Des
solutions à ce problème peuvent donc être étudiées dans la sérénité
puisqu’il n’y a pas urgence.
Quelles
solutions ?
Ø
Introduire une part de capitalisation : cette
solution présente un inconvénient majeur, les actifs paieront 2 fois, pour
eux-mêmes et pour la retraite de leurs parents d’où une perte de leur
pouvoir d’achat et donc une baisse de la croissance. Par ailleurs l’argent
capitalisé par les futurs retraités français servirait les intérêts des
retraités américains car ceux-ci confrontés à l’horizon 2025 à la nécessité
de liquider leur capital pour verser des retraites à la génération
vieillissante ont intérêt à ce que se développe en Europe un actionnariat
capable d’acheter en temps voulu des actions aux fonds de pension américains
– donc les bienfaits de la capitalisation sur la conjoncture économique
française ou européenne restent à démontrer ! De plus la
capitalisation va accroître les inégalités entre français.
Ø
Augmenter les cotisations au fur et à mesure des besoins :
cette mesure ne semble pas être la panacée car elle réduit le pouvoir
d’achat des salariés qui devront parallèlement dépenser plus pour leurs
enfants – le taux de fécondité serait en 2040 de 2,06 enfants par femme
contre 1,7 actuellement.
Ø
Il resterait donc l’allongement de la période d’activité .
Mais
d’autres considérations méritent de retenir notre attention :
Ø
chaque fois que l’on diminue de 100 000 le nombre de chômeurs on crée 200
000 emplois donc 200 000 cotisants supplémentaires. Des perspectives intéressantes
se dessinent en période de
croissance.
Ø
le régime des préretraites qui n’ont cessé de se multiplier ainsi que le
système des contrats-aides (contrats emploi-solidarité, contrats
emploi-consolidé) amputent durablement les comptes sociaux.
Donc un véritable
choix de société s’impose pour garantir et consolider les régimes de
retraite par répartition : favoriser le travail au lieu d’encourager
l’inactivité - c’est du
moins la conclusion d’un rédacteur du dossier de
«Marianne » ,elle mérite discussion.
Pour nourrir la réflexion il
convient de faire aussi référence au projet de
Lionel JOSPIN :
Ø le « F2R » (le Fonds de Réserve
de Retraite)
il
‘agit de mettre en place un fonds dont les encours seront suffisamment élevés
pour éponger les déficits successifs que le régime de retraite va devoir
supporter dans les années 2020/2040 . Selon les technocrates ce fonds devrait
avoir atteint 1000 milliards de francs en 2020. Il serait constitué des
sommes issus
-
des futures privatisations
-
des revenus exceptionnels (cf vente de licences de téléphone
mobile 3° génération)
-
des excédents 2000-2020 de la Caisse Nationale d’Assurance
Vieillesse (CNAV), du Fonds de Solidarité
Vieillesse et de la contribution sociale de solidarité des
entreprises
-
de prélèvements sociaux sur le capital.
Les
sommes recueillies seraient placées en particulier en obligations du Trésor
Français.
R.
BELET
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